Found an interesting in Liberation (June 23, 2025) about unaccounted for uranium in Iran, Below, in the original French, and in English translation by DeepSeek"
Décryptage
Après les bombes, que reste-t-il du programme nucléaire iranien ?
Iran - Etats-Unis, l'escalade dossier
Au lendemain des frappes américaines dimanche visant trois sites d’enrichissement, Donald Trump s’est félicité de la réussite de son opération. Mais des zones d’ombre persistent pour les experts, notamment la localisation de 400 kilos d’uranium enrichis à 60% qui ne seraient pas détruits.
Photo satellite de l'installation d'enrichissement nucléaire de Natanz, dans le centre de l'Iran, le 15 juin.
Photo satellite de l'installation d'enrichissement nucléaire de Natanz, dans le centre de l'Iran, le 15 juin. (AFP)
par Frédéric Autran
publié aujourd'hui à 19h16
Sur l’Iran, comme sur tant d’autres sujets, mieux vaut ne pas prendre Donald Trump au pied de la lettre. Au lendemain des frappes américaines sur des installations iraniennes, dans la nuit de samedi à dimanche, le président des Etats-Unis s’est empressé de saluer «les dégâts monumentaux» infligés à «tous les sites nucléaires» iraniens lors de l’opération «Marteau de minuit». «Le terme “oblitération” est tout à fait approprié !» s’est-il réjoui dimanche soir sur son réseau Truth Social.
Les experts se montrent plus nuancés, taraudés par une interrogation centrale : qu’est devenu le stock de plus de 400 kilos d’uranium enrichi à 60 %, identifié quelques semaines avant le conflit par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), et jugé suffisant par Israël pour produire – après un enrichissement à 90 % – plus de neuf bombes nucléaires ?
Tribune
Frappes américaines en Iran : les zones d’ombre derrière le discours triomphaliste de Trump
Selon une source iranienne de haut rang citée par l’agence Reuters, la majeure partie de cet uranium aurait été transférée avant l’attaque vers un lieu tenu secret. Dimanche, Ali Shamkhani, conseiller du guide suprême iranien, a affirmé que le programme nucléaire demeurait bien vivant. «Même si les sites nucléaires sont détruits, la partie n’est pas terminée : les matériaux enrichis, le savoir-faire et la volonté politique restent […] Les surprises continueront !» a publié sur X ce proche de l’ayatollah Khamenei, un temps donné pour mort à la suite d’une frappe israélienne.
«Stables et facilement transportables»
«Le problème, à ce stade, est qu’il subsiste de nombreuses zones d’ombre», résume le chercheur Ali Vaez dans un podcast du think tank Crisis Group, dont il dirige le programme Iran. «La question clé est celle du stock d’uranium enrichi à 60 %, ce qui représente 99 % de l’effort nécessaire pour atteindre le seuil militaire», précise-t-il. A-t-il été déplacé ? L’uranium enrichi est généralement conservé «dans de petits cylindres d’acier que l’on peut charger à l’arrière d’une camionnette. Ils sont stables et facilement transportables», ajoute-t-il.
«Il peut être déplacé sous forme gazeuse ou métallique», confirme à Libération Emmanuelle Galichet, enseignante-chercheuse en sciences et technologies nucléaires. Les Etats nucléaires ont le droit de transporter leur matière sur leur territoire, en prenant les précautions nécessaires.» Ce type de déplacement, relevant du mandat de surveillance de l’AIEA, présente néanmoins un risque radioactif limité, même en cas de frappe.
«L’uranium est un émetteur de particules alphas, qui sont rapidement stoppées dans l’air sur quelques centimètres», ajoute Emmanuelle Galichet. «Un bombardement aurait pour effet de disperser la matière aux abords immédiats du point d’impact. Cela n’a rien à voir avec les rejets radioactifs observés lors des accidents de Fukushima ou Tchernobyl. La dangerosité est davantage chimique que radioactive, car tant l’uranium que l’acide fluorhydrique sont très corrosifs.»
L’appel de l’AIEA
Ces derniers jours, des images satellites ont révélé une activité inhabituelle de camions et véhicules autour des trois sites iraniens officiellement dédiés à l’uranium enrichi – Natanz, Fordo et Ispahan – tous visés par les frappes israélo-américaines. De quoi alimenter la thèse selon laquelle la matière nucléaire aurait été évacuée vers une destination inconnue. Interrogé à ce sujet, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a simplement indiqué dimanche disposer de «renseignements intéressants», sans plus de détails.
A lire aussi
Etats-Unis, Israël, Iran : au Moyen-Orient, l’ère de la prédation
L’AIEA, elle-même dans le flou, réclame des réponses claires et un accès aux sites frappés. «Nous devons permettre aux inspecteurs de retourner sur place pour vérifier les stocks, en particulier les 400 kilos enrichis à 60 %», a déclaré lundi son directeur général Rafael Grossi, lors d’une réunion d’urgence à Vienne. Il a indiqué que l’Iran lui avait envoyé une lettre le 13 juin, jour du début de l’offensive israélienne, mentionnant la mise en place de «mesures spéciales pour protéger les équipements et la matière nucléaire».
Modérant quelque peu le triomphalisme de son Président, le vice-président américain, J.D. Vance, a semblé confirmer dimanche le fait que l’uranium enrichi ait pu être déplacé par l’Iran à la dernière minute. «Nous allons œuvrer dans les semaines à venir pour nous occuper de ce combustible, et cela fera partie des sujets dont nous devons discuter avec les Iraniens, a-t-il déclaré à la chaîne ABC News. Ce que nous savons, c’est qu’ils n’ont plus la capacité de transformer cet uranium en matière de qualité militaire, et c’était vraiment là notre objectif.»
Succès tactique, échec stratégique ?
Là encore, les analystes restent prudents. «Si l’uranium enrichi a effectivement été retiré de ces sites, alors l’objectif d’anéantir le programme nucléaire iranien et de bloquer toute possibilité pour l’Iran de produire une arme nucléaire n’a, selon moi, pas été atteint», tranche Ali Vaez. La suite dépendra largement de la «volonté politique» évoquée par Ali Shamkhani – mais aussi de l’existence potentielle de sites clandestins, susceptibles de permettre à Téhéran de poursuivre ses activités d’enrichissement.
«Des éléments essentiels n’ont pas été touchés» lors des frappes israélo-américaines, estime ainsi Jeffrey Lewis, directeur du programme de non-prolifération pour l’Asie de l’Est à l’Institut d’études internationales de Middlebury à Monterey (Californie). Il évoque notamment une usine souterraine de fabrication de centrifugeuses près de Natanz et un site d’enrichissement proche d’Ispahan. «Cela signifie que l’Iran conserve 400 kilos d’uranium enrichi à 60 %, la capacité de produire des centrifugeuses et un, voire deux, sites d’enrichissement souterrains. Sans même parler des éventuelles installations secrètes que les détracteurs de l’accord nucléaire [de 2015] avaient l’habitude de brandir à tout bout de champ», écrit-il dans un long message sur X.
Pour plusieurs experts, l’Iran pourrait relancer son programme nucléaire dans des installations cachées, à l’image de la Corée du Nord, qui avait fini par quitter en 2003 le TNP – le traité de non-prolifération assurant un usage civil de l’énergie nucléaire sous supervision de l’AIEA. «Le régime de non-prolifération nucléaire tel que nous le connaissons pourrait s’effriter et s’effondrer», a mis en garde lundi Rafael Grossi.
La crainte d’un redémarrage discret et accéléré du programme iranien est partagée par le sénateur démocrate Mark Kelly, membre de la commission du renseignement. «Ce qui m’inquiète le plus aujourd’hui, c’est que l’Iran déplace l’ensemble de son programme, non seulement sous terre, mais hors de nos radars, a-t-il confié dimanche à NBC News. «Ce que nous avons tenté d’arrêter pourrait bien s’emballer», conclut-il. Rejoignant l’analyse de Jeffrey Lewis, pour qui le «brillant succès tactique» des frappes israélo-américaines pourrait se transformer, in fine, en «échec stratégique».
* * *
Decryption
After the Bombings, What Remains of Iran’s Nuclear Program?
Iran - U.S., Escalation Dossier
The day after U.S. strikes on Sunday targeting three enrichment sites, Donald Trump celebrated the success of his operation. But uncertainties remain for experts, particularly the whereabouts of 400 kilograms of 60% enriched uranium that may not have been destroyed.
Satellite image of the Natanz nuclear enrichment facility in central Iran, June 15. (AFP)
By Frédéric Autran
Published today at 7:16 PM
When it comes to Iran—as with so many other topics—it’s best not to take Donald Trump at his word. In the wake of U.S. strikes on Iranian facilities overnight from Saturday to Sunday, the U.S. president was quick to praise the "monumental damage" inflicted on "all nuclear sites" during Operation Midnight Hammer. "The term ‘obliteration’ is entirely appropriate!" he boasted Sunday evening on his Truth Social network.
Experts, however, are more cautious, grappling with a central question: What happened to the stockpile of over 400 kilograms of uranium enriched to 60%, identified just weeks before the conflict by the International Atomic Energy Agency (IAEA) and deemed sufficient by Israel to produce—after further enrichment to 90%—more than nine nuclear bombs?
Opinion
U.S. Strikes in Iran: The Uncertainties Behind Trump’s Triumphalist Rhetoric
According to a high-ranking Iranian source cited by Reuters, most of this uranium had been moved to a secret location before the attack. On Sunday, Ali Shamkhani, an advisor to Iran’s Supreme Leader, asserted that the nuclear program remains very much alive. "Even if nuclear sites are destroyed, the game isn’t over: the enriched materials, the know-how, and the political will remain […] The surprises will continue!" he posted on X, the platform formerly known as Twitter. Shamkhani, a close ally of Ayatollah Khamenei, was briefly rumored to have been killed in an Israeli strike.
"Stable and Easily Transportable"
"The problem at this stage is that there are still many unknowns," summarizes researcher Ali Vaez in a podcast by the think tank Crisis Group, where he leads the Iran program. "The key question is the stockpile of 60% enriched uranium, which represents 99% of the effort needed to reach military-grade levels," he explains. Was it moved? Enriched uranium is typically stored "in small steel cylinders that can be loaded into the back of a van. They are stable and easily transportable," he adds.
"It can be moved in gaseous or metallic form," confirms Emmanuelle Galichet, a nuclear science and technology researcher, to Libération. "Nuclear states have the right to transport their materials within their territory, provided they take necessary precautions." Such movements, falling under the IAEA’s monitoring mandate, still pose a limited radiological risk, even in the event of a strike.
"Uranium emits alpha particles, which are quickly stopped by air within a few centimeters," Galichet adds. "A bombing would disperse the material in the immediate vicinity of the impact point. This is nothing like the radioactive releases seen during the Fukushima or Chernobyl accidents. The danger is more chemical than radiological, as both uranium and hydrofluoric acid are highly corrosive."
The IAEA’s Call
In recent days, satellite images have shown unusual truck and vehicle activity around Iran’s three officially declared uranium enrichment sites—Natanz, Fordow, and Isfahan—all targeted by the U.S.-Israeli strikes. This has fueled speculation that nuclear material was evacuated to an unknown location. When questioned, Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu simply stated on Sunday that he had "interesting intelligence," without elaborating.
Also Read
U.S., Israel, Iran: The Era of Predation in the Middle East
The IAEA, itself in the dark, is demanding clear answers and access to the bombed sites. "We must allow inspectors to return to verify the stockpiles, particularly the 400 kilograms enriched to 60%," Director General Rafael Grossi said Monday during an emergency meeting in Vienna. He noted that Iran had sent him a letter on June 13, the day Israel’s offensive began, mentioning "special measures to protect nuclear equipment and material."
Striking a more measured tone than the president, U.S. Vice President J.D. Vance seemed to confirm on Sunday that Iran may have moved the enriched uranium at the last minute. "We will work in the coming weeks to address this fuel, and it will be part of our discussions with the Iranians," he told ABC News. "What we know is that they no longer have the capacity to turn this uranium into military-grade material, and that was truly our objective."
Tactical Success, Strategic Failure?
Again, analysts remain cautious. "If the enriched uranium was indeed removed from these sites, then the goal of crippling Iran’s nuclear program and blocking any possibility of it producing a nuclear weapon has, in my view, not been achieved," asserts Ali Vaez. What happens next will largely depend on the "political will" mentioned by Ali Shamkhani—as well as the potential existence of clandestine sites that could allow Tehran to continue enrichment activities.
"Critical elements were not hit" in the U.S.-Israeli strikes, says Jeffrey Lewis, director of the East Asia Nonproliferation Program at the Middlebury Institute of International Studies in Monterey, California. He points to an underground centrifuge manufacturing plant near Natanz and an enrichment site near Isfahan. "This means Iran retains 400 kilograms of 60% enriched uranium, the ability to produce centrifuges, and one or two underground enrichment sites—not to mention possible secret facilities that critics of the [2015] nuclear deal used to constantly warn about," he wrote in a lengthy post on X.
Several experts warn that Iran could restart its nuclear program in hidden facilities, much like North Korea, which ultimately withdrew from the Nuclear Non-Proliferation Treaty (NPT) in 2003. "The nonproliferation regime as we know it could erode and collapse," Rafael Grossi cautioned on Monday.
Democratic Senator Mark Kelly, a member of the Intelligence Committee, shares concerns about a covert and accelerated restart of Iran’s program. "What worries me most now is that Iran could move its entire program not just underground but off our radar," he told NBC News on Sunday. "What we tried to stop could spiral out of control." Echoing Jeffrey Lewis’ analysis, he warned that the "brilliant tactical success" of the U.S.-Israeli strikes might ultimately prove a "strategic failure."
Let me know if you'd like any refinements!
* * *
BONNE ST-JEAN À TOUS!
No comments:
Post a Comment